mot pour mot

Par hasard, je suis tombée sur ce livre. Sentiment étrange de trouver quelqu'un qui dit, qui écrit aussi exactement ce que je ressens ces jours-ci. Est-ce que ça peut m'aider à y voir plus clair?

le sujet : "C'est l'histoire d'une femme qui, indépendante et habituée à travailler seule dans son atelier, intègre une grande entreprise. Elle n'a pas le choix, croit-elle. L'argent, l'urgence...elle découvre l'enfer des relations sociales contraintes, de la hiérarchie, des jeux de pouvoir et d'un travail dépourvu de sens. "

extraits :

"Les nuits engloutissent les jours. Les jours rongent les soirs. Les soirs dévorent les nuits. Le trou s'élargit dans votre vie. Gouffre. Vol des heures. Le temps dérobé s'évanouit. Présent étouffant. Poids dans la tête. L'effort requis pour la traversée de cet espace incertain écrase vos (chères) pensées. Repoussées, érodées, effacées. Pour rien. Pour de l'argent. (...) Vous ne voulez pas devenir ça. C'est tout. Non. C'est non. (...) Ce que vous êtes, voulez-vous le croire, n'est pas, ne sera pas perdu. Non, c'est caché. C'est pour un temps. Cela reviendra. Après.(Quand?) Respirez. (...) Tenir!(...) Et si ça ne revenait plus? (Où sont vos rêves?) (...) Ici vous façonne. Vous tue. (...) Tiendrez-vous? Pas sûr.(...) C'est dangereux de ne pas prendre soin de ce que l'on est, de ses rêves."

***

"Le travail, oui c'est ça. Le travail remplit sa vie. Vous (c'est tout le contraire), votre vie le travail la vide. (...)Payer l'ennui (drôle de monde). Vous, ce n'est pas cela, ce que vous voulez. (Que voulez-vous?) Vous, vous voudriez, vous voulez faire des choses qui, vous ne savez pas, oui, qui veulent dire quelque chose (ou qui essayent au moins de le faire). C'est cela que vous voulez. Voilà. (Et vous attendez quoi?)."

"L'argent, l'urgence" Louise Desbrusses (P.O.L.)

***

En attendant, et comme je mène toujours une foultitudes de projets tricot de front, bientôt sur mes aiguilles, du bleu, du blanc, de l'anthracite.

Comments

[marion]

pour l'instant, je n'ai pas le choix, même si on l'a toujours le choix, c'est ma concession. Mais je me sens moins seule dans cette certitude d'être "inadaptée" au monde dans lequel j'arrive quatre jours par semaines, et la sensation que je suis faite pour autre chose.

[muriel]

Le monde du travail s'est dégradé à une vitesse folle, et c'est vrai que ne pas travailler est un super luxe que peu peuvent s'offrir! Alors que travailler en se faisant plaisir, et en ayant l'impression de construire (à n'importe quel niveau) quelque chose d'utile est tellement gratifiant! Ce monde écrase l'humain, et j'ai la chance de pouvoir choisir de me soustraire à ce rouleau compresseur. En revanche combien cherchent un boulot qui leur permette de nourrir leur famille, de se loger, et d'autres qui n'ont d'autre choix que de se faire harceler par un petit chef. Ce livre est à mettre dans ma liste de prochain achat. Merci pour ton billet.

[marmotte]

C'est un peu ce que je te disais à demi-mots dans mon mail l'autre jour. L'argent, la sécurité et les "enquiquinneurs", le stress d'un côté. La liberté et une certaine précarité de l'autre.
J'ai fait le second choix il y a longtemps, beaucoup n'ont pas compris. Mon homme m'a connue telle que, il sait que c'est moi, et aujourd'hui il m'apporte la sécurité. On pourra dire que du coup j'y perd ma liberté, mais la situation ne pourrait être résumée si facilement...
Je te souhaite d'arriver à faire les choix qui te feront te sentir "toi", même si je me doute que ce ne sera pas simple, quels qu'ils soient...
Bises Camille.

[Samantha]

quels mots !!
j'aime beaucoup ce ton de bleu !!

[Muriel]

Tout est tellement vrai, mais heureusement on a des "loisirs" des passions qui valent beaucoup plus que de l'argent et nous permettent de vivre un peu plus zen, mais c'est vrai que j'aimerai bien aussi arreter de bosser avec des gens que l'on m'impose et m'occuper des mes passions.
Un jour peut-être.
Bises et courage